Guillotiner son Roi!



Il est un épisode de l’histoire de France, qui m’a toujours perturbé par sa violence : la condamnation à mort de Louis XVI et de son épouse Marie-Antoinette.

A l’école, la révolution française, est racontée, comme la seule manière inéluctable de libérer le peuple d’un régime monarchique écrasant qui exploitait les paysans et offrait peu de liberté à ses sujets.

Aujourd’hui, certains historiens, sans remettre en cause les faits, ne sont plus tout à fait certains, qu’il était nécessaire de guillotiner le Roi de France et sa Reine pour renverser le régime. Plus de deux siècles plus tard, les personnalités des deux protagonistes et les intrigues politiques qui les ont entourés, montrent qu’ils ont été, dans une certaine mesure, les victimes, malgré eux, d’un système gangrené et sont considérés, de nos jours, comme des Martyrs de la révolution.

 

Ce qui m’amène aux révolutions du XXIème siècle et à la manière dont certains peuples veulent renverser leurs régimes, dans le but ultime d’y installer des démocraties.

Il y’a quelques jours, au Mali, un coup d’Etat a eu lieu et une branche de l’armée a kidnappé le président Ibrahim Boubacar Keita. Le pouvoir est actuellement entre les mains du Comité National pour le Salut du Peuple.

Le Mali est embourbé depuis 2012, dans une guerre antiterroriste et interethnique. La classe politique et dirigeante est accusée de corruption. Depuis juin 2020, on assiste à des manifestations contre le pouvoir à Bamako. Le 10 juillet, les manifestations ont dégénéré, faisant des morts, des blessés et plusieurs arrestations dont des opposants au régime de Keita.

D’autres manifestions ont repris mi-août pour exiger la démission du Président.

Le putsh du 18 août, s’est déroulé sans encombre, à priori sans violence, soutenu par les manifestants. Le président Keita a été libéré 9 jours plus tard et le peuple soutient les putschistes qui s’accordent sur les conditions de transfert du pouvoir aux civils.

 

En Biélorussie, les manifestations de ces dernières semaines, ont été surnommé la « Révolution Pantoufle » ou « Cafard ». Les manifestants, qui font partie du mouvement démocratique, accusent le président Loukachenko et son gouvernement de fraudes électorales. En plus d’être à la tête d’un régime autoritaire, qui a systématiquement réprimé l’opposition, le Président Biélorusse est accusé d’un manque d’intérêt face à la crise économique que traverse son pays et ses conséquences sur les citoyens, notamment les paysans, qui ont été longtemps d’un fort soutien pour son régime.

 

En Thaïlande, les rues de Bangkok sont envahies de manifestants contre le gouvernement et pour une réforme de la monarchie. En effet, à l’abris de ses plages paradisiaques, il règne en Thaïlande un pouvoir dictatorial. Les jeunes manifestants réclament la démocratie pour leur pays, la dissolution du Parlement et la réécriture de la Constitution de 2017. Avec comme objectif d’éradiquer les inégalités qui se creusent au sein de la population et qui se sont largement exacerbées lors de la crise sanitaire et économique de ces derniers mois.

 

Au Liban, les manifestations ont commencé à l’automne 2019 pour protester contre le gouvernement et sa mauvaise gestion économique du pays. Non seulement, le gouvernement est accusé de corruption et d’abus de biens sociaux, mais aussi d’exacerber la pauvreté en abusant des taxes, jusqu’à la fameuse taxe « WhatsApp ». L’été 2020, où l’explosion meurtrière au port de Beyrouth, a définitivement entériné le divorce entre le peuple libanais et ses dirigeants.

 

Dans d’autres pays, sur différents continents, émergent des manifestations de peuple exaspérés, fatigués, épuisés par des régimes, qui ont glissés, doucement mais sûrement vers une gestion autoritaire ou corrompue, le plus souvent, les deux à la fois.

 

L’histoire nous dit, qu’un moment ou un autre, quel que soit le degré de « docilité » du peuple gouverné, ce dernier fini par se réveiller et réclamer ses droits. A ce moment-là, il y va de toutes ces forces, car il atteint un point de non-retour où il sait qu’il ne peut plus revenir en arrière.

 

Il y’a plus de 200 ans, en France, des centaines de milliers de personnes sont sorties dans la rue réclamer à manger. La crise économique était à son paroxysme, la corruption n’était même plus feinte et le clientélisme la règle. Quelques ingrédients typiques qui entrainent une révolution.

Ces mêmes ingrédients, qu’on retrouve aujourd’hui scandés de par le monde, par des millions de personnes, en quête de démocratie et de liberté.

 

Ce qui m’amène à ma question du départ. Faut-il guillotiner son roi (au sens propre ou au sens figuré), pour passer d’un régime autoritaire à une véritable démocratie ?

Une révolution, doit-elle être radicale, extrémiste, voir violente pour aboutir à un véritable changement ?

Est-ce qu’aujourd’hui les révolutions dites « Jasmin » (pacifistes) sont des utopies des temps modernes ou une avancée intellectuelle de l’homme qui refuse de combattre le mal par le mal ?

Commentaires

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  2. Pas obligatoirement, tout dépend de la situation, un roi détrôné représente une menace aux yeux du roi nouvellement intronisé, ce qui conduit à l'élimination de la source de cette menace.
    Cependant, plus la menace est neutralisée ou amoindrie, la guillotine a moins de chance d'opérer.
    Par ailleurs, l'arme du conquérant quelque soit son statut (parti politique, groupe militaire, etc...) est l'entretien de l'insatisfaction du peuple, jusqu'à l'atteinte de l'objectif de renversement.
    Le devenir du roi est dépendant des revendications de la rue.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

La "puissance" du Manager!

Obscurantisme !

Valeurs d’entreprise, entre discours et réalité