Vivre !



Le cerveau fait des connexions étranges. 

Je lisais un post de la philosophe Marie Robert où elle parle de la vie professionnelle et de ce qu’elle pourrait dire à la jeune génération. 
Jusqu’à la dernière phrase :
 "je leur souhaite de renverser la table". 
Et là, je ne sais pour quelle raison, sans préméditation, je pense à mon père et à ce qu’il m’a raconté de sa jeunesse. 

Il fait partie de la génération des « seventies » qui a traversé l'Europe en auto-stop jusqu’en Inde. Il jouait de plusieurs instruments et avait les cheveux longs. Ce n'est pas un cliché. Il avait gardé son passeport avec tous les tampons et des tas de photos en noir et blanc. Avant de partir, il avait tout de même fini ses études d'ingénieur. Raison pour laquelle, il avait quitté sa Tunisie natale pour Paris ! Ma mère, avait été emportée par le tourbillon de ses récits. 

Je n’ai pas connu mon père avec les cheveux longs. Il jouait parfois de l’harmonica, de la guitare ou du synthétiseur qui trainaient, lors des réunions de famille. Seuls les engins miniatures, qui ornaient son bureau, pouvaient m'amuser. Je le vois partir tous les matins, en chemise et cravate, dans sa Simca blanche, toujours rutilante. 

Je me souviens de ses yeux pétillants et de son grand sourire qui se sont éteints avec le temps. 
Et je comprends le lien. La dynamique qui se casse, la joie qui s’étiole et on rentre dans le moule. Sagement, on fait ce qu’il faut pour les enfants, pour la belle maison, pour être comme les autres, sortir au restaurant, partir en vacances et les mois puis les années roulent. 

Elle part où l’audace ? Elle va où la folie qui nous fait découvrir des pays avec trois sous en poche ? 
A quel point le poids de la société et ses injonctions nous font plier pour suivre le chemin qu’elle nous impose ? 
A-t-on vraiment le choix de « renverser la table » ? 

Je n’ai pas partagé beaucoup d’années avec mon père. La vie nous a séparé et la maladie l’a emporté. 
Le poison s’est infiltré dans son corps trop tôt. Aujourd’hui je sais que c’est celui de l’ennui. Un ennui qu’il a choisi et qui l’a emporté. 

« Choisir c’est renoncer » disait André Gide. 

Ne renonçons pas à nos vies car même si elles sont tordues, elles sauront nous rendre heureux. 

En cette fin d’année qui pèse, je vous souhaite de profiter de ceux qui sont là, de ne garder en souvenir que les sourires de ceux qui ne sont plus et de vivre.




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