La confiance à l’épreuve du COVID !


Quand on regarde la carte du monde à l’heure du COVID, ce qui qui saute aux yeux, c’est la couleur rouge/orangé qui se trouve un peu partout sur la planète et qui indique que le virus est en accélération dans certaines régions, plus de six mois après son apparition.

Les spécialistes s’accordent à dire, que les pays en question, étaient déjà en crise économique et/ou sociale avant la pandémie.

A l’image du Brésil où le président d’extrême droite est menacé par plusieurs procédures de destitution et où les manifestations en faveur de la démocratie durent depuis plusieurs mois.

Ou le Liban, probablement l’un des pays où la crise sanitaire a le plus aggravé les crises politique, économique et sociale déjà existantes.  La moitié de la population vit désormais sous le seuil de la pauvreté. Le pays est très largement surendetté et sa monnaie a perdu plus de 70% de sa valeur en quelques mois.

Ou encore les Etats-Unis, premier pays touché par la pandémie proportionnellement à sa population, où le taux de chômage est passé de 4.4% de la population active en mars 2020, à 14.7% en avril pour redescendre à 11.1% au mois de juin. Les violences et les manifestions se multiplient notamment contre le racisme.

Pus récemment en Israël où des milliers d’israéliens sont descendus dans la rue pour « sauver la démocratie et lutter contre la corruption » et où on pouvait lire sur les pancartes des slogans tels que « le virus le plus mortel n’est pas le COVID 19 mais la corruption ».

 

Avant la pandémie, il régnait un fort sentiment d’instabilité au niveau mondial. Un peu partout, les populations se soulevaient pour manifester contre leurs gouvernants, certaines sont rentrées en guerre, d’autres luttaient contre des phénomènes climatiques extrêmes et on s’inquiétait de voir la richesse mondiale si inégalement distribuée. Les limites du capitalisme ont été soulignées, d’autres ont prévu sa disparition et son remplacement par de nouveaux systèmes où le marché aurait une place moins centrale. Dans certains pays, la montée des idéologies extrémistes émerge de plus en plus et est soutenue par des populations en manque de repères.

 

Comment en est-on arrivé là ?

Un des éléments de réponse est la confiance inexistante, perdue, trahie, tronquée, jamais établie que connaissent beaucoup de citoyens de notre monde du XXIème siècle, conséquence, pour la faire courte, de politiques instables et de gouvernants incompétents, mégalos ou corrompus.

Remarquez que seuls les pays ayant une politique économique et sociale stable, transparente et égalitaire avec des règles établies, une vision à long terme mettant les objectifs environnementaux et de développement durables au cœur de leurs stratégies de gouvernance, ont réussi à protéger à la fois leurs populations mais aussi leurs économies de cette catastrophe sanitaire, dont les conséquences n’en sont qu’aux prémices.

Cette crise a mis en lumière, les limites déjà identifiées, de la gestion des Etats. Or le rôle de ce dernier est majeur, voir central dans la sortie de cette crise. Selon leurs structures et fondements, les résultats de la gestion ont été disparates, avec comme première victime le citoyen.

Aurait-on pu prévoir cette crise ? Non. Les modèles économiques se basent sur des prévisions tenant compte de données historiques et d’anticipations d’éléments (risques) intervenant dans le futur mais déjà prévisibles. On y ajoute des chocs exogènes totalement inattendus et qui sont censés, dans cette équation, avoir un impact faible, puisque les modèles prennent en considération tous les éléments connus et anticipés.

Or le COVID est cet élément exogène, qui contrairement aux modèles économiques classiques, a  fait complètement dévier les anticipations de toutes les têtes pensantes à travers la planète.

Aujourd’hui, on comprend que c’est l’Etat, chef d’orchestre de la sortie de crise, qui doit mettre en place des mesures d’accompagnement, tout en laissant les entreprises faire les choix les plus adéquats, leur permettant une reprise de croissance adaptée selon leur modèle propre. Le rôle des gouvernements s’est renforcé et c’est le moment de reconstruire et de consolider ce lien, s’il n’existait pas ou peu, et donc de consolider cette confiance entre tous les citoyens, les acteurs économiques et l’Etat.

 

Dans le cas de l’Algérie, Il y’a quelques jours, Adelwaheb Ziani, président de la CIPA (Confédération des Industriels et Producteurs Algériens) a fait part du plan de relance présenté au Chef du Gouvernement, appelé Pacte Economique de la Confiance. Il explique que durant le troisième trimestre 2020, les entreprises, en moyenne, ont perdu 70% de leurs CA. Hormis les secteurs directement impactées par la décision de confinement comme la restauration, l’aviation, le transport, l’habillement, le tourisme, les loisirs.., il y’a aussi des effets intersectoriels où l’interdépendance a impacté des activités qu’on n’identifie pas au prime abord.

Qu’est-ce que le Pacte Economique de la Confiance ? A ce sujet Abdelwahab Ziani, évoque la relocalisation des importations qui donnera plus de travail aux algériens, la solidarité des algériens pour consommer des produits locaux, l’ouverture des grandes entreprises publiques (notamment la Sonatrach) aux entreprises privées algériennes…

 

La préférence nationale est de nos jours recherché par tous les pays, vecteur essentiel de sortie de crise. Elle ne peut être établie et se maintenir que par la confiance de tous les acteurs : le citoyen en tant que capital humain et consommateur, l’entreprise en tant que créatrice de valeur, la société civile (ONG, association…) en tant vecteur de transmission et facilitateur et l’Etat en mettant en place des règles et des lois claires, pérennes, à fort impact et de garantir la sécurité et la liberté des individus.

La confiance semble être la clé de voûte du monde d’après, qu’on construit aujourd’hui. Restons attentifs à choisir les bons chefs d'orchestre!


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