Un grain de sable dans une mer sale!

    

    Depuis le mois de mars, j’ai du temps et je me l’accorde.

Je fais mille choses dans ma journée, entre la maison, les enfants, les repas, le linge, les mises à jours de CA et de rentabilité, les prévisions court terme, long terme, les décisions à prendre maintenant, plus tard, les changements de stratégies, les réponses aux clients inquiets, les coups de fils à l’équipe en stand-by, des projets qui émergent, les débats entre amis sur le pourquoi du comment de tout...

Bref, durant mes activités physiques (c’est plus de l’ordre ménager cités plus haut que du bien-être sportif !), j’ai les écouteurs dans les oreilles et j’écoute. J’écoute des podcasts, des infos, des débats, des prévisions, des perspectives, des avis, des contre-avis sur la société, l’économie, la mondialisation, la nature, les femmes, les hommes, les africains, les américains, les chinois….

Des critiques sont exprimées, des constats sont faits et des solutions sont évoquées, de tous bords et de toutes sortes.

Et là je m’arrête et j’ai envie de savoir ce qui se passe en Algérie.

J’écoute la radio, je cherche sur le Web, je regarde les réseaux sociaux, j’allume la télé et je lis des journaux.


    Un supplément de la BAD (Banque Africaine de Développement). « Perspectives économiques en Afrique 2020, supplément » paru le 07 juillet m’a fait froid dans le dos. Ce n’est pas que je ne mesure pas à quel point l’Algérie est mal lotie, mais voir des chiffres comparés avec d’autres Etats du même continent et réaliser qu’elle occupe souvent les dernières places m’a incité à aller creuser.

Je ne vais pas vous plomber avec les chiffres, que vous pouvez très aisément retrouver sur le site de la BAD. Mais je peux vous dire, que face à la crise sanitaire actuelle, l’Algérie n’apparait même pas sur le graph « pays ayant adopté d’importants plans de relance budgétaire », l’Afrique du Sud occupant la 1ère place et l’Ouganda la dernière. Elle occupe la dernière place parmi les pays ayant émis des obligations au service de la dette, elle est dans le top 10 des pays dont le système de santé est le moins préparé aux menaces d’épidémie. Elle fait partie des 10 pays dont la vulnérabilité économique est la plus forte avec la Chine, l’Europe et les Etats-Unis… Bon, l’Algérie est la première du classement sur ses réserves de changes. Sauvé !

Le rapport analyse la situation sur différents volets : pauvreté, emploi, santé, fiscalité… et propose des pistes de sorties à adopter selon les particularités de chaque pays.


    Je retourne aux médias algériens accessibles à tous et je cherche, des débats, des avis, des solutions, des propositions. Franchement rien ou tellement pas grand-chose, que je ne prends pas trop de risque en écrivant rien.

Alors oui, des tonnes et des tonnes de critiques du système actuel et passé. On critique les personnes beaucoup, on critique les lois, les décisions, les gouvernements, les élus, les ministres, les chefs d’entreprises publics et privés, les institutions, les associations, les hommes et les femmes qui constituent ce pays. Des quantités d’encore incroyables de critiques acerbes justifiés, injustifiés, bien formulés, mal écrites, méchantes, privées, péronnelles, intimes…

Beaucoup de voix se sont élevées depuis l’indépendance et encore ces derniers mois pour critiquer le pouvoir, la classe dirigeante, les industriels, l’incivisme, l’école, l’écologie, la liberté…

Et j’ai vu des interviews, des reportages, des vidéos, des documentaires dénonçant encore et encore ce qui se passe, ce qui s’est passé et ce qu’on ne veut plus qu’il se passe.

Ok, c’est dit, entendu, des personnes sont même parties en prison pour avoir dit ce qu’elles pensaient et avoir remis en cause ce qui se passe encore et toujours.

Et maintenant on fait quoi ? L’Algérie est en crise bien avant le Hirak et bien avant la crise sanitaire.


    Mais la crise sanitaire touche tout le monde. Ceux qui sont d’accord et ceux qui ne le sont pas. Voici une crise qui fait fi des convictions sociétales, économiques ou couleurs politiques.

Voici le moment de s’exprimer. Pas pour critiquer, c’est déjà fait. Mais pour proposer un véritable changement structurel du pays.

Regardons autour de nous. Beaucoup de pays sont entrain de profiter de cette catastrophe pour revoir leurs fondamentaux. Tous les fondamentaux ! Les pays sont en chantier, tout en continuant à faire face au COVID 19.

Où sont les gens qui ne peuvent plus être dans la rue ? Pourquoi on entend plus leurs voix ? On vit dans un siècle où il n’est pas nécessaire d’être dans la rue pour faire une révolution !

La technologie est là, les médias sont là, les moyens de communications existent et se multiplient.

Où sont les réflexions ? Je ne parle pas de réflexions stratosphériques. J’en ai lu quelques-unes. Des théories économiques transposées de façon macro sans prises en comptes des réalités locales. Des bribes de solutions peu profondes qu’on peut lire dans les articles de journaux généralistes.

On ne peut pas attendre que les solutions viennent des autres ou des politiques. Ils sont trop « haut », trop loin, entourés des mêmes personnes, qui depuis des dizaines d’années, proposent les mêmes orientations qui aboutissent aux mêmes résultats.


    Il y’a en Algérie des gens qui réfléchissent, des gens qui vivent, des gens qui travaillent, des gens qui sont capables de penser et de mettre en place des modèles pour des changements de fonds. Qu’ils s’expriment, qu’ils partagent qu’ils ouvrent le débat dans les médias, dans des forums non élitistes. Qu’ils se proposent dans des cellules économiques et sociales auprès des élus et du gouvernement. Qu’ils envoient des rapports et analyses selon leurs secteurs et leurs activités.

    Oui, c’est un grain de sable dans une mer sale. Mais, j’ai la conviction, que l’Algérie n’évoluera jamais si le seul moyen de combattre ce qui ne nous convient pas est de le critiquer.

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