Kifak Habibi !
Tu m’as accueilli sur ton sol
coincé entre terre et mer.
On ne se rend pas compte à quel
point tu es petit tellement ton cœur est grand.
Du plus loin que je m’en
souvienne, je n’ai jamais eu un tel accueil, tellement sincère, tellement
présent.
C’est sûr, c’est toi qui a
inventé l’hospitalité. Ta porte grande ouverte vers l’orient, longtemps a
nourri tous les imaginaires.
Je vois ton sourire, toujours sur
tes lèvres, malgré tes cicatrices qui te brûlent encore.
Tu aimes vivre, rire, chanter,
danser. Quand on pense à toi, c’est d’abord le plaisir qui nous vient à l’esprit.
Croquer la vie, y croire encore et toujours.
Tu m’as
fait goûter tes plats généreux, partager ta musique, déambuler dans tes rues.
Tu m’as tenu la main et raconté ton Histoire.
En ton sein, l’une des plus
vielle cité du monde. Et depuis, combien d’amis, d’ennemis ont foulé ton sol ?
Je lève les yeux au ciel d’un bleu
éclatant en plein hiver. La mosquée côtoie l’église et à quelques pas un mur
meurtri.
Il raconte une douleur encore
vive. Pour ne pas oublier. Alors comment tu en es arrivé là ? Au point que
tes entrailles explosent comme pour tout effacer, tout faire disparaître !
Toi mon frère, ma sœur, mon
ami(e), j’ai pleuré avec toi, mon cœur s’est brisé, mon esprit s’est figé.
On le voyait venir… Depuis bien
trop longtemps des sillons se creusent parmi les tiens, on t’a berné, dupé,
trahi. Pendant que tu reconstruisais ta vie, que tu regardais devant, enfin
libre, en confiance, d’autres, vils usurpateurs, te prenaient ton monde petit
bout par petit bout.
Les pauvres sont devenus encore plus
pauvres, le fruit du travail ne vaut plus rien et « la Suisse de l’Orient »
s’effondre et annonce qu’elle n’est plus.
L’Etat ne paie plus ses dettes,
le salarié ne reçoit plus son dû, le travailleur n’a plus d’emploi. Et les
économies de toute une vie sont brûlées, envolées.
Et re BOUM !
Le monde entier se retourne et
regarde ce tout petit pays, encerclé de guerre, de haine et de misère. Ce pays
si beau, si digne, dont les hommes et les femmes, de par le monde, en sont la fierté,
capables de s’adapter, être toujours en haut du podium, avec cette force de caractère
et cette résistance sans faille.
Pourquoi toi qui est partout, tu
n’as pas pu faire ton chez toi ? Toi si brillant, tu t’éteins doucement
dans le brasier de tes terres?
Relève-toi Habibi.
Tu es toujours toi, avec ton Histoire et personne ne peut te l’enlever, ni te la voler. Relève-toi, et n’oublie
pas où tu vas. Relève-toi et n’oublies pas d’où tu viens. Relève-toi et prends
ce qui est à toi. Tu mérites d’être heureux.
Toi qui m’a accueilli, si
chaleureusement, qui m’a fait rire et danser. Maintenant, je suis là pour toi.
N’attends pas et prend ma main.
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