Apologie du Commun!
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Bernard Buffet - Les folles, Femmes aux chapeaux (1977) |
Dans la rue, on se scrute pour se copier ou se reconnaître.
Sur les réseaux sociaux, on cherche l’inspiration ou l’imitation.
Les intérieurs sont les mêmes et les émissions de décorations pullulent sur nos écrans et nous disent comment faire pour avoir pareil.
Au restaurant, le choix se restreint et la truffe devient reine et s’ajoute à toutes les sauces… à en devenir indigeste.
Bref, le commun est rassurant. Il crée une identité à laquelle on s’attache. Quand, il n’y pas si longtemps, c’est la rareté qui faisait loi.
Le commun est fade. Il donne une impression d’uniformité sans saveur. Il ne permet aucune surprise et endort les esprits déjà bien orientés.
Le commun ne permet pas la créativité, il l’a tue dans l’œuf. Il est le contraire de la singularité qui promeut la diversité et la richesse de notre monde.
Alors pourquoi le commun a supplanté la rareté et guide toutes nos actions et décisions ?
La peur en est une réponse simple mais réelle. On fait confiance à ceux qui sont comme nous, on se délecte de l’entre-soi et on finit comme des hamsters qui auraient fait le choix de vivre dans une cage.
La perte de repères. La spiritualité n’ayant plus office dans l’éducation, on la cherche ailleurs. On parle de Dieu de la mode, c’est tellement plus simple que d’aller chercher des réponses à l’intérieur de soi.
La manipulation de ceux qui veulent écouler leurs marchandises et qui créent l’envie plus que le besoin.
Le manque d’intérêt pour tout, à partir du moment où il faut prendre le temps. L’instantanéité a fait perdre tout repère temporel. C’est maintenant ou jamais.
Le besoin de faire sa place et d’exister à travers le regard des autres font que les individus cherchent à rentrer dans le moule et de ne surtout pas faire de vague.
Or il a été démontré que c’est en sortant du cadre que l’on fait évoluer les sociétés. On sait que la créativité ne vient pas de la répétition mais de l’expérience de nouveaux procédés, techniques, réflexions… qu’il arrive encore qu’une erreur crée l’évolution.
Des idées communément énoncées dans les entreprises et très largement marketée : la diversité, « sortir de sa zone de confort », la mixité, l’inclusion… sont des concepts répandus mais qui restent des concepts qui ont du mal à se traduire en actions concrètes.
A l’embauche on sélectionne des profils venant de la même école. On continue à regarder le lieu d’habitation pour être sûr d’avoir les mêmes codes. On scrute le parcours qui doit suivre un chemin préétablit. Et si en face la personne a adopté des solutions qu’on connaît déjà, alors c’est l’apothéose, le mariage parfait qui offrira la continuité et certainement pas la rupture.
Or c’est le contraire que cherche l’économie disruptive. On multiplie les boites à idées et les brainstormings. On crée des rencontres et des hackathons pour faire émerger des nouvelles idées et solutions et on se plaint de manquer de talents et d’être sans réponse face à la soi-disant « grande démission ».
La rareté ce n’est pas chercher le « mouton à cinq pattes » mais c’est se donner l’opportunité de voir la réalité d’un point de vue différent. C’est s’autoriser à être surpris en mettant de cotés nos convictions et s’ouvrir au monde qui nous entoure. C’est faire l’effort de voir l’étendu des possibles quand notre esprit se concentre sur nos acquis ou qu’il soit communément sous influence !
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