Horreur !
Arrivée de 11000 personnes sur l’île de Lampedusa.
Je peine à imaginer les conditions de leur traversée et les peurs de tous ces gens entassés dans ces petites barques échouées sur le port.
Je suppose la stupéfaction et le désarroi des 6000 habitants de cette petite île italienne à la vue de ces femmes, ces hommes et ces enfants débarqués sur leurs côtes.
Mon imaginaire est saupoudré de flashs spéciaux et d’émissions où des spécialistes nous expliquent le pourquoi du comment, l’impact et les conséquences de cette marée humaine.
Et tout cela alimente nos conversations où chacun a un avis sur le sujet.
Jusqu’à cette réflexion qui attire particulièrement mon attention :
« il y’a des femmes qui sont enceintes et même celles qui accouchent sur ces embarcations. Je me demande comment elles peuvent avoir la tête à ça ! »
S’ensuit un brouhaha de théories, telles que ; « dans le désespoir, la tendresse c’est tout ce qui reste », « elles ont dû fuir parce que justement elles étaient enceintes », « entre le moment où elles quittent leur pays et arrivent en Europe, s’écoulent des mois, voire des années. Donc dès qu’il y’a une opportunité, elles prennent le large, enceintes ou pas »…
Et puis je tombe sur cet article du Monde intitulé:
« Le viol, passage presque inévitable de la migration »
On y lit le calvaire raconté par ces femmes qui ont fui l’horreur.
Celles excisées par leurs mères, torturées par leurs pères, violées par leurs maris, brûlées par leurs employeurs, réduites en enclaves dès le plus jeune âge et le plus souvent par leurs proches. Fuir ou mourir sont leurs deux seules options.
Traverser plusieurs pays, pas toujours accueillants. Braver le désert et ses dangers. Puis la Méditerranée, qui laisse entrevoir un espoir, souvent fantasmé.
Pour ces femmes, la peur, la faim et le viol font partie du voyage. Le viol devient le prix de la vie.
Lorsqu’elles arrivent sur les côtes italiennes, grecques ou espagnoles, elles portent des bébés dans le ventre ou dans les bras.
Récemment j’ai écouté une émission où un ex-président explique que la migration venue d’Afrique est aujourd’hui non significative en comparaison à ce qui attend l’Europe dans les cinquante prochaines années.
Il dit, à juste titre, que l’Afrique est le continent qui connaît le taux de natalité le plus important sur la planète et que si ces personnes ne trouvent pas « comment se nourrir » dans leurs pays, ils iront chercher à survivre ailleurs et prendront le large !
Est-ce qu’on peut réduire l’Afrique à ces horreurs vécues par ces femmes ? Non, certainement pas.
Est-ce que l’Europe peut répondre aux défis vitaux de milliers d’africains ? Non, sans se faire taxer de néo-impérialiste, puisqu’elle ne sait pas faire autrement qu’imposer son modèle de développement, le plus souvent sans tenir compte des particularités de chacun.
Je ne pourrais prétendre avoir la réponse à ce défi de ce début de siècle.
Mais entre rejet et sidération, entre peine et empathie, ente jugement et sentence… il y’a des êtres humains qui sentent et ressentent, qui au gré de la grande roulette de la vie, sont nés au mauvais endroit, au mauvais moment, qui ont le courage inouï, la volonté absolue de vouloir s’en sortir.
Faisons juste en sorte de ne pas détourner le regard, un peu comme un enfant qui croit qu’en fermant les yeux, plus personne ne le voit.
Et si le tendre regard d’un enfant peut apaiser l’horreur.
Image: "Une migrante et sa fille débarquent à Lampedusa, le 31 juillet 2020 - Alberto PIZZOLI © 2019 AFP"
Le drame étant que les moyens et les possibilités de changer les choses existent et ne sont pas si compliqués à mettre en œuvre. Cependant, les volontés, les cœurs et les esprits sont trop occupés par d'autres centres d'intérêts. D'autres encore sont occupés à se " divertir", autrement dit à être "dévié de la vérité" au sens étymologique du terme. Trouver le moyen de mettre la question des migrations au centre des préoccupations serait donc une étape importante du processus.
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