Articles

Le management sous tension

Image
Il arrive que des managers, pourtant compétents, investis et sincèrement engagés dans leur mission, en viennent à perdre pied. Pas à cause d’un manque de savoir-faire, ni parce qu’ils seraient émotionnellement fragiles. C’est plus insidieux. Une forme d’épuisement intérieur qui ne se dit pas, qui ne se voit pas toujours, mais qui agit en profondeur. Un brouillard qui s’installe, rendant flous les objectifs, pesantes les décisions et creux les échanges.   On parle souvent de surcharge mentale pour désigner l’accumulation de tâches, la dispersion de l’attention, le sentiment de ne jamais avoir fini. Mais ce dont il est question ici est d’une autre nature. C’est une surcharge plus émotionnelle que cognitive, plus systémique que personnelle. Celle qui survient quand un manager ne parvient plus à relier ce qu’il fait à ce qui fait sens.  Quand il perd l’élan, non pas par lassitude, mais parce que le système dans lequel il évolue ne lui offre plus d’espace pour penser et se recentre...

Valeurs d’entreprise, entre discours et réalité

Image
Il suffit d’entrer dans un siège social pour les voir : les  valeurs de l’entreprise , affichées en grand, encadrées dans les couloirs ou projetées sur des slides. Intégrité ,  respect ,  collaboration ,  innovation … des mots choisis avec soin, testés, marketés, validés par les comités de direction. Mais dans bien des cas, ces valeurs relèvent davantage de la promesse publicitaire que du socle commun. A se demander à quoi servent ces valeurs, si elles ne guident ni les comportements, ni les décisions, ni les postures managériales ? Il y a souvent un gouffre entre les valeurs que l’entreprise communique à l’extérieur, et ce que vivent réellement ses collaborateurs à l’intérieur. Ce n’est pas une question de mauvaise foi. C’est un angle mort. Un dysfonctionnement systémique. La plupart des managers ne connaissent pas les valeurs de leur entreprise autrement que de manière superficielle. Ils les ont vues passer en onboarding. Ils les ont récitées en réunion annuel...

La "puissance" du Manager!

Image
Dans certains secteurs, le marché de l’emploi s’est tendu. Les recrutements deviennent longs, complexes, parfois incertains.  Et une fois le collaborateur trouvé, il faut encore l’intégrer, le faire grandir, espérer qu’il reste. Parce que son départ, lui aussi, a un coût. Pas seulement un coût financier. Mais une perte de compétences, une rupture dans les dynamiques d’équipe, parfois une atteinte à la réputation de l’entreprise quand les départs se multiplient. On finit par se demander pourquoi les gens ne restent pas. Parmi les nombreuses raisons qui peuvent pousser quelqu’un à partir, il en est une qui revient souvent:  La relation avec le manager. C’est un classique. Presque un cliché. Mais un cliché que confirment les chiffres, les enquêtes, les entretiens de départ. Ce qui fait rester un collaborateur, ce qui l’engage, ce qui lui donne envie de contribuer, ce n’est pas (seulement) le salaire, les avantages, les locaux ou les horaires.  C’est l’expérience vécue au quo...

Vivre !

Image
Le cerveau fait des connexions étranges.  Je lisais un post de la philosophe Marie Robert où elle parle de la vie professionnelle et de ce qu’elle pourrait dire à la jeune génération.  Jusqu’à la dernière phrase :  "je leur souhaite de renverser la table".  Et là, je ne sais pour quelle raison, sans préméditation, je pense à mon père et à ce qu’il m’a raconté de sa jeunesse.  Il fait partie de la génération des « seventies » qui a traversé l'Europe en auto-stop jusqu’en Inde. Il jouait de plusieurs instruments et avait les cheveux longs. Ce n'est pas un cliché. Il avait gardé son passeport avec tous les tampons et des tas de photos en noir et blanc. Avant de partir, il avait tout de même fini ses études d'ingénieur. Raison pour laquelle, il avait quitté sa Tunisie natale pour Paris ! Ma mère, avait été emportée par le tourbillon de ses récits.  Je n’ai pas connu mon père avec les cheveux longs. Il jouait parfois de l’harmonica, de la guitare ou du synthétis...

Obscurantisme !

Image
  C’est un mot que j’ai appris au lycée et que je pensais (à tort), faire partie de ces mots désuets, que je n’aurais probablement plus jamais l’occasion d’utiliser. Il était employé au début du XIXème siècle, pour définir tout ce qui était contre la philosophie des lumières.   C’est étrange, comme j’ai souvent fait référence, ces derniers temps, aux philosophes des lumières. Pas si étrange que ça finalement, puisqu’ils défendaient la Tolérance, la Liberté et l’Égalité. Parmi eux, Montesquieu, dont mon lycée à Herblay, en banlieue parisienne, portait le nom. Il y’avait cette citation qui m’a marquée et que j’ai utilisée, souvent, dans mes communications :    « Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie ; il ne faut pas être au-dessus des hommes, il faut être avec eux ».   Deux siècles plus tard, les valeurs défendues par ces philosophes semblent faire partie du passé. Et comme par revanche, l’obscurantisme gagne ...

Espoir!

Image
Il y’a déjà quelques années, j'étais invitée à ce mariage où , mon attention s’était focalisée sur la table d’à côté, animée par une dizaine de jeunes gens.   De leur table, j’entendais leurs rires, je devinais leur complicité, j’observais la légèreté de leurs échanges.  Ils étaient dans leur monde, un monde des possibles où demain n’a aucune importance. C’est une tranche de vie heureuse qu’on voudrait figer à tout jamais.   Il y’avait particulièrement cette jeune fille, élancée, belle, joyeuse. Mon regard a du mal à s’en détacher. Je remarque qu’elle parle d’une drôle de façon. Ce n’est pas qu’elle ait du mal à parler, son élocution est fluide. Mais de là où je me trouve, j'ai du mal à comprendre ce qu’elle dit.    En l’observant, je remarque une cicatrice sur sa gorge. J’en déduis qu’elle a dû naître avec une malformation et a dû être opérée. D’où sa difficulté à parler ou du moins, ma difficulté à la comprendre.   Intriguée, je demande qui elle est. ...

Horreur !

Image
Arrivée de 11000 personnes sur l’île de Lampedusa.   Je peine à imaginer les conditions de leur traversée et les peurs de tous ces gens entassés dans ces petites barques échouées sur le port. Je suppose la stupéfaction et le désarroi des 6000 habitants de cette petite île italienne à la vue de ces femmes, ces hommes et ces enfants débarqués sur leurs côtes.   Mon imaginaire est saupoudré de flashs spéciaux et d’émissions où des spécialistes nous expliquent le pourquoi du comment, l’impact et les conséquences de cette marée humaine.   Et tout cela alimente nos conversations où chacun a un avis sur le sujet.  Jusqu’à cette réflexion qui attire particulièrement mon attention : « il y’a des femmes qui sont enceintes et même celles qui accouchent sur ces embarcations. Je me demande comment elles peuvent avoir la tête à ça ! »   S’ensuit un brouhaha de théories, telles que ; « dans le désespoir, la tendresse c’est tout ce qui reste »...